Le voyage de Mitheo

Une seule semaine en Inde, et je me rends déjà compte qu’il ne sert effectivement à rien d’essayer d’en parler, je crois qu’il faut venir ici pour ce faire sa propre impression, que le petit européen lambda que je suis peut juste parler d’un début de prise de conscience.

Je suis parti déçu par l’humanité, et perdu, incapable de profiter pleinement de ma vie, sans comprendre pourquoi malgré le fait d’avoir tout pour être heureux, il y avait cette sensation de manque de je ne sais quoi. Je suis parti bêtement en me disant que ce voyage allait être beau, et il l’est, mais simplement pas pour les yeux. Je vais revenir avec quelques réponses je pense, avec quelques images et sensations dans la tête aussi. Des choses qui font que je vais pouvoir profiter vraiment, et plus intensément, des moments passer chez moi, près de ma famille, avec les personnes que j’aime. Mais sûrement toujours avec cette terrible déception envers l’immense majorité des gens, et cette question, « suis-je chanceux, et dois je simplement faire avec ? … »

De l’infime partie que j’en ai vu, je généralise, sûrement à tort, je m’imagine que ce pays a dû être beau et propre un jour, mais qu’il a été laissé livré à lui-même, et pourri par l’inhumanité. Alors je vais essayer de « profiter » encore un peu, de ce monde qui n’a l’air de choquer personne mais qui fonctionne malgré tout, essayer d’ignorer comme tout le monde tous ces gens que ce pays à l’abandon a changé en personnes en lutte pour leur survie, pourri par l’argent, d’ignorer ces beaux Européens venant profiter égoïstement en aveugle des restes de ce pays et des "magnifiques avantages" qu’il confère, d’ignorer ces familles entières dormant sur les trottoirs avec leurs bébés, au milieu des poubelles, devant des hôtels de luxe gardés par des polices privées, d’ignorer ces vieillards rendus fou étendus quasi nu au milieu des routes, d’ignorer ces enfants de quelques années travaillant sur des chantiers ou venant tirer les vêtements des beaux touristes pour essayer de provoquer de la pitié, d’ignorer ces cadavres de chiot sur le bord des routes, d’ignorer ces animaux ultra maigres, abimés, qui fouillent dans les poubelles, ignorer cette surpopulation omniprésente, essayer d’ignorer tout ça, pour aller voir quelques merveilles naturelles qui subsistent a peine, quelques créations humaines, montrant que cet endroit a du être beau il y a longtemps. Mais le voyage va être écourté, ça c’est sur, car je ne peux pas supporter l’idée d’être considérer comme l’un de ces touristes qui s’en foutent, et pour l’instant, je n’ai pas du tout l’envie de voir ailleurs pour constater que ce n’est peut être pas comme ça partout, et bien peu importe ce que pourront penser ceux que j’ai fait l’erreur de faire rêver avec ce projet de beau « voyage de plusieurs mois en Asie » et qui ne comprennent pas.

Gaël